Entre hypnose algorithmique et zapping infini, la Gen Z ne regarde plus les écrans : elle s’y perd. « J’ai juste ouvert TikTok deux minutes… » Trois heures plus tard, tu connais le prénom du chien d’un inconnu et tu sais plier un jean sans les mains.
Cette phrase anodine est devenue un vrai marqueur générationnel. Une confession qu’on pourrait placer entre l’amusement et l’inquiétude. Un constat amer : la Gen Z ne "consomme" plus du contenu, elle s’y abandonne dans un scroll passif qui n’a plus rien à envier aux marathons Netflix ou Harry Potter d’hier.
La Gen Z, plus que toute autre génération, a intégré ce geste comme un automatisme. Ce qui était censé être une navigation de distraction est devenu une raison d’être. Aujourd’hui, on ne consomme plus le contenu comme on pouvait le faire sur YouTube ou Netflix, on le laisse venir à nous. Mais ce micro-mouvement, répétitif et presque inconscient, est le déclencheur d’un phénomène massif : la consommation passive (et massive) de contenus, sans choix explicite, sans direction, et surtout sans fin.
Une temporalité oubliée
Alors qu’un épisode de série implique un début, un milieu et une fin, le scroll infini abolit le temps narratif. L’expérience est désordonnée, cyclique et sans clôture. On n’entre plus dans une histoire dont on a absolument envie de savoir la fin, on saute d’un sujet à l’autre, et on y reste longtemps. Très longtemps.
Le paradoxe ? La Gen Z déclare être fatiguée, saturée, mais elle continue de scroller. Parce que le scroll est devenu une manière de se dissocier : fuir l’ennui, le stress, le réel. Un geste de survie presque inconscient.
C’est le même mécanisme que dans le binge-watching sur Netflix, mais sans l’effort de choisir pendant 1h un épisode, le film ou la série à regarder. Le scroll passif est plus proche de l’autohypnose que du zapping. Mais attention : ce n’est pas une “consommation idiote”. C’est au contraire une consommation hyper fine, calibrée, émotionnelle, mais qui parle à nos affects plus qu’à notre raison.
Et si c’était une nouvelle forme d’art ?
Loin de nous l’idée d’être moralisateurs. Le scroll passif n’est pas un effondrement culturel, c’est peut-être une nouvelle esthétique radicalement contemporaine : Éphémère, non linéaire, sensorielle, algorithmique, dissociée.
Mais c’est aussi grâce à ces nouvelles formes de consommation que naissent les nouvelles formes de narration : le micro-vlog, la caméra confessionnelle à l’arrache, la voix off ironique, ou même le glitch comme langage.
Voici notre point de vue : pensons complémentarité ! Des formats courts pour capter, des formats profonds pour engager. Des contenus qui s’adaptent aux temporalités éclatées de la Gen Z sans sacrifier le fond. Il faut créer des multiples expériences, poreuses, hybrides, capables de parler à tout le monde, sur tous les rythmes. Et notre défi aujourd'hui et de ne plus choisir entre captiver ou scroller, mais apprendre à raconter dans un monde qui ne s’arrête plus de défiler.





